Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/226

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Chose remarquable, presque tous les écrivains qui ont publié des ouvrages sur le crédit n’ont pu rester dans le vrai et ont exagéré, les uns ses avantages, les autres ses inconvénients. Je vous ai déjà signalé les erreurs de Sismondi et de Ricardo, je vous parlerai encore d’un économiste italien, M. J. de Welz de Milan, auteur du livre curieux ayant pour titre La magia del credito svelata (la magie du crédit dévoilée), dans lequel il cherche à établir que le crédit multiplie toujours les capitaux. Je crois qu’il y a là une exagération des effets du crédit, qui semble bien en effet produire un doublement de valeurs, mais qui en réalité n’a pas ce résultat ; car il n’y a que la valeur empruntée qui soit réelle.

Ainsi un homme prête 20 mille francs à un autre : il n’y a de positif que les 20,000 francs prêtés, quoique le prêteur puisse faire des paiements avec les billets à ordre de l’emprunteur, par voie de cession avec endos.

Ce billet circule en vingt mains et peut faire vingt paiements ; mais il faut toujours qu’il y ait une valeur réelle, un enjeu, dans ce mouvement de circulation ; soit les marchandises qui ont été vendues à terme contre les billets en question ; soit l’argent qui a pu être avancé contre ces dits billets. Dans ces deux cas les effets du crédit se comprennent fort bien et n’ont rien de magique.

Quelques personnes ont proposé de faire servir le crédit à la construction des canaux, des routes, des chemins de fer, etc. ; je ne crois pas qu’on puisse l’essayer avec succès. Il suffit pour s’en convaincre