Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/48

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lande, en Amérique, des caisses, des établissements spéciaux pour les y déposer et les retirer à volonté. Là, le lazzaroni mange le soir le revenu que la mendicité lui sert chaque jour, comme le grand-seigneur dépense celui que ses fermiers lui paient, sans souvenir de la veille comme sans prévoyance du lendemain. En Italie comme en Espagne, autre pays dont nous avons déjà parlé, si riche à la fois et si misérable, le peuple est pauvre et à peine vêtu tandis qu’il n’y a pas de route, que des marais répandent au loin la maladie et la mort ; des milliers de cierges brûlent en plein jour dans les églises au lieu d’éclairer des fabriques, des troupes de laquais inutiles et paresseux peuplent les antichambres. Ils forment avec quelques chevaux de main tout le luxe de leurs maîtres, qui brille d’autant plus que leurs uniformes galonnés font contraste avec les guenilles et les haillons dont sont couverts les autres habitans.

Tous ces biens naturels, la puissance productrice de la terre, la valeur morale et matérielle de l’homme sont ainsi gaspillés sans profits et de leur inaction il résulte une perte, une décroissance du capital national ; car, de même que rester en place lorsque tout le monde marche, c’est reculer ; conserver la même fortune quand tous les autres augmentent la leur, c’est s’appauvrir.

L’emploi des capitaux, ai-je dit, peut se faire de plusieurs manières, et suivant qu’on adopte tel ou tel placement, il en résulte un accroissement ou une diminution des forces productives