Page:Blasco-Ibáñez - Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse.djvu/290

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tirer à quelques pas de lui. Ce fut alors seulement qu’il remarqua que des batteries prenaient position dans son parc. Plusieurs pièces déjà installées se dissimulaient sous des abris de feuillage, et des rebords de terre d’environ 30 centimètres s’élevaient autour de chaque pièce, de manière à défendre les pieds des servants, tandis que leurs corps étaient protégés par des blindages qui formaient écran à droite et à gauche du canon.

Marcel finit par s’accoutumer à ces décharges dont chacune semblait faire le vide à l’intérieur de son crâne. Il grinçait les dents, serrait les poings ; mais il restait immobile, sans désir de s’en aller, admirant le calme des chefs qui donnaient froidement leurs ordres et l’intrépidité des soldats qui s’empressaient comme d’humbles serviteurs autour des monstres tonnants.

Au loin, de l’autre côté de la Marne, l’artillerie française tirait aussi, et son activité se manifestait par de petits nuages jaunes qui s’attardaient en l’air et par des colonnes de fumée qui s’élevaient en divers points du paysage. Mais les obus français respectaient le château, qui semblait entouré d’une atmosphère de protection. Cela parut étrange à Marcel, qui regarda le haut des tours. Le drapeau blanc à croix rouge continuait à y flotter.

Les vapeurs matinales se dissipèrent ; les collines et les bois émergèrent du brouillard. Quand toute la