Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/129

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Pourquoi donc, encore une fois, le Bourgeois affirme-t-il avec tant d’obstination qu’on doit le respect aux morts, sinon, peut-être, parce que, ne démêlant pas très bien la mort de la vie, comme j’ai dit plus haut, un pressentiment obscur l’avertit de le revendiquer, ce respect, pour lui-même et pour ses semblables qui sont, avec leurs grands airs de vivre, les vrais morts et les morts d’entre les morts ?


LXVI

Les morts ne peuvent pas se défendre.


Quelle bêtise ou quelle hypocrisie ! Comment donc ! mais ils se défendent précisément par le respect qui leur est dû et qui ne permet pas qu’on les touche. Imagine-t-on une meilleure défense ? Elle est d’autant plus sûre qu’une incertitude continuelle plane sur eux. Ils ont si souvent, je ne me lasse pas de le répéter, l’air de vivre, et on les enterre d’une si drôle de façon !… Essayez, par exemple, de pisser contre la statue de Gambetta et vous verrez sur-le-champ s’épaissir, se coaguler, se condenser et finalement apparaître, sous la forme de la répression la plus exaltée, toutes les sales