Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/190

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Belle idée que son mari avait eue de l’envoyer là ! Le ruffian l’avait accueillie avec une insolence telle que, toute préparée qu’elle fût, par son antérieure profession de sage-femme, à tous les élans du goujatisme, elle en avait été suffoquée. Bien loin d’emporter la résistance de cette brute, comme elle s’en était doucement flattée, il ne lui avait même pas été possible de placer un mot. C’était bien la peine de se compromettre. Gonflée de rage, elle revint à la maison.

Le docteur Maurice de Sainte-Périne, mari de sa femme et comte par l’effet d’une sélection mystérieuse, était l’arriviste surprenant, aujourd’hui connu et même consulté, qui avala, en moins de dix ans, le Fleuve de Crotte. À l’époque de ce récit, il débutait à peine et venait de s’unir audacieusement à une sage-femme de province dont une ville de trois cent mille âmes avait été fière. De même que le soleil met un peu de joie lumineuse chez l’indigent, cette personne crépue et mordorée était venue mettre chez ce carabin un peu d’obstétrique. Ils se comprirent et se soutinrent, l’épouse ayant un reste de ragoût et l’époux un commencement de flair.

Ce dernier avait conçu le dessein, que l’idiotie contemporaine lui a permis de réaliser en partie, d’une sorte de clinique littéraire pour salle à manger ou train rapide, par le moyen d’un journalisme d’Épidaure périodique ou intermittent. En termes plus clairs il s’agissait de glisser dans les feuilles