Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/229

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« même s’ils le désirent ». Cela il ne le veut absolument pas. Le coma lui semble préférable à l’action de se préparer à mourir et « l’usage atroce » de l’extrême-onction le révolte singulièrement.

Je lis ces choses dans une chronique du Journal où elles sont, d’ailleurs, tout à fait à leur place, la feuille de feu Fernand s’adressant à un public heureusement délivré des « exigences cruelles de la foi ». Le Premier Homme parle beaucoup de la pitié, à cette occasion. Voici la dernière phrase, digne d’être citée, car elle m’a évoqué, prophétiquement, l’assistance de crocodiles et de singes féroces que la conscience définitivement libérée du vingtième siècle prépare aux agonisants.

« Instruisons-nous dans la pitié, la douceur et la compassion, même s’il s’agit de voiler les signes de la mort accourue au chevet du malade. Habituons-nous moins au dévouement qu’à la Politesse bienfaisante qui de chacun écarte les peines inutiles et les chagrins superflus. »

Il est évident que, « le salut de l’âme ayant cessé d’être l’essentiel », le comble de cette politesse consisterait à expédier les malades subito, puisque, par là, on leur épargnerait sûrement les affres et les douleurs. Plusieurs siècles avant l’ère chrétienne, des anciens avaient trouvé ça.

Pour ne parler que de ce degré de politesse qui consiste à laisser croire aux mourants qu’ils peuvent guérir, le Premier Homme sait-il qu’il est