Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/294

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Mayenne le fils unique d’un notaire de Château-Gontier. Aujourd’hui, je le répète, c’est la grande route du silence. Allez demander à ceux de nos grands hommes qui ont dépassé cinquante ans ce qu’ils faisaient en 1870…

Cette date est devenue une espèce de schéma pour toutes les postures de l’ignominie contemporaine. Elle signifie toutes les lâchetés, toutes les hontes passées et à venir. La plus parfaite, c’est le silence, l’universelle fuite silencieuse qui se réalise ou se prépare. Bicyclettes et automobiles sont des précautions en vue d’une déroute infinie dont la débâcle d’il y a trente ans n’aura été qu’une modeste préfiguration, un timide pronostic aux yeux baissés. Déroute des corps ou des âmes ? Nul ne le sait. Les deux ensemble très probablement. Mais comment imaginer ce monde en fuite, ce déluge de déserteurs et d’épouvantés ?…

À la minute où j’écris ceci, meurt à deux pas de moi un très pauvre homme. J’ai essayé de le sauver, de l’amener à vouloir un prêtre. Comme il ne peut plus se faire entendre, la famille m’a parlé de ses opinions qui sont invincibles, paraît-il, et voilà que tout à coup je me suis rappelé un Lieu Commun inexplicablement oublié par moi jusqu’ici. Les opinions de ce moribond ! ô pitoyable Sauveur crucifié !…

Il n’y a pas beaucoup de jours, on faisait le centenaire de Victor Hugo. C’était beau, il y avait un