Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/200

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dans le vestibule probablement cérumineux de son oreille ; tira de la poche de son gilet une tabatière gallicane dans laquelle il puisa copieusement selon tous les rites, à la surprise des assistants alarmés de voir monter tant de poudre noire dans un nez si jeune ; enfin se mit en posture pour un de ces prônes esthétiques dont il avait pris le besoin dans les caboulots du quartier latin, où il était regardé comme un beau parleur.

— J’ai été élevé, commença-t-il, sur les genoux de Mme Sand…

À ce moment, Bohémond de L’Isle-de-France, qui s’agitait sur sa chaise depuis une demi-heure en faisant des gestes inexplicables à son voisin Druide, et qui, par miracle, n’avait pas encore proféré un monosyllabe, se frappa tout à coup le haut du front comme un Archimède qui vient d’enfanter.

— Tout s’explique ! déclara-t-il avec rondeur, en s’accompagnant d’un de ces redoutables sourires à demi gâteux dont il masque son visage de dieu Vulcain abandonné par ses cyclopes, quand un malicieux esprit l’aiguillonne. Tout s’éclaire ! Monsieur Crozant a, sans doute, l’avantage d’être possédé de quelques démons ? Mes compliments bien sincères. Je ne connais rien de tel pour faire passer le temps de la vie. Combien de fois n’ai-je pas rêvé d’être moi-même le domicile de plusieurs archanges tombés autrefois du ciel, et d’aller ainsi par les grenouillères de cette vallée, à la confusion d’une prêtraille morose qui paraît avoir perdu le secret de leur