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XIII



Garçon ! un madère et deux absinthes ! commanda Gacougnol qui venait de s’installer avec Clotilde et Marchenoir dans un café proche de la grande entrée du Jardin.

La prompte nuit de décembre étant venue sur les animaux et les hommes, les visiteurs avaient décidé de s’asseoir dans ce lieu banal en écoutant le récit de Marchenoir.

— Avant tout, dit encore le peintre, permettez que j’écrive quelques mots. Garçon ! vous avez un bureau télégraphique à deux pas d’ici. Vous allez porter une dépêche immédiatement. Donnez-moi du papier.

Alors, abritant la feuille de sa main gauche, il écrivit rapidement ces simples mots : Clotilde ne rentre pas. Gacougnol. Ce télégramme, adressé à « Madame Chapuis », disparut à l’instant même.

— Maintenant, je suis tout oreilles. Vous savez, Marchenoir, que vous êtes à peu près le seul parmi nos contemporains que je puisse écouter longtemps avec plaisir. Alors même que je ne vous comprends pas tout à fait, je sens votre force et cela me suffit pour être heureux de vous entendre.

— Mon cher Gacougnol, répliqua Marchenoir, ne me flattez pas, s’il vous plaît, et ne vous flattez pas vous-même. C’est surtout pour Mademoiselle que je vais parler.