Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/383

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pieds riant aux larmes, fixé par le cou à un immense poteau noir, allant de la terre au ciel, et ses immondes sabots sur un tas de morts.

Ce pamphlet, qui eut le sort annoncé par Leverdier et que le silence des journaux éteignit sans peine, fut, néanmoins, remarqué de tous les artistes, et son insuccès postiche est encore regardé, par quelques indépendants, comme l’une des iniquités les plus remarquables de ce temps maudit.

Il suffira d’en citer deux articles pour donner l’idée de cette œuvre de haute justice et de magnifique fureur qui n’allait à rien moins qu’à faire dérailler le train des opinions contemporaines, — si n’importe quel effort du Verbe simplement humain pouvait accomplir ce désirable prodige !

Voici donc le premier, par lequel Marchenoir ouvrit sa trop courte campagne :


LE PÉCHÉ IRRÉMISSIBLE


« Ce soir, 14 juillet, s’achève enfin, dans les moites clartés lunaires de la plus délicieuse des nuits, la grande fête nationale de la République des Vaincus. Ah ! c’est peu de chose, maintenant, cette allégresse de calendrier, et nous voilà terriblement loin des anachroniques frénésies de la première année ! Ce début, — légendaire déjà ! — de la plus crapuleuse des solennités républicaines, je m’en suis, aujourd’hui, trop facilement souvenu devant l’universel effort constipé d’un patriotisme, évidemment