Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/390

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nest Renan, le sage entripaillé, la fine tinette scientifique, d’où s’exhale vers le ciel, en volutes redoutées des aigles, l’onctueuse odeur d’une âme exilée des commodités qui l’ont vu naître, et regrettant sa patrie au sein des papiers qu’il en rapporta, comme des reliques à jamais précieuses, pour l’éducation critique des siècles futurs !…



« Après cela, que voulez-vous qu’il fasse, le petit troupeau des vrais artistes, qui ne savent rien du tout que frémir dans la lumière et qui ne furent jamais capables de cuisiner les gros ragoûts de la populace ? Ils ne sont pas nombreux, aujourd’hui, cinq ou six, à grand’peine, et l’immonde avalanche a peu de mérite à les engloutir.

« Ce serait assez, pourtant, si la France avait un reste de cœur, pour lui restituer, intellectuellement, la première place. L’Europe n’a aucun écrivain vivant, parmi les jeunes, à mettre en balance avec deux ou trois romanciers de génie qui périssent actuellement de misère, dans le cachot volontaire de leur probité d’artistes. La mort de Dostoïewsky a fait l’universel silence autour de Paris, et Paris, à genoux devant les cabotins qui le déshonorent, n’a pas même un morceau de pain à donner à ceux-là qui empêchent encore son vieux bateau symbolique de chavirer dans les étrons !

« Si ce n’est pas là le Péché irrémissible dont il est parlé dans l’Évangile, je demande ce qu’il peut