Page:Bloy - Le Salut par les juifs, 1906.djvu/108

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d’autrefois s’arrêtaient de battre et le silence des colères était prodigieux, dans l’espoir universel d’entendre venir des lieux souterrains le préliminaire soupir de la conversion du Peuple obstiné.

On sentait confusément que ces hommes de crasse et d’ignominie étaient, quand même, les geôliers de la Rédemption, que Jésus était leur captif, que l’Église était leur captive, que leur consentement était nécessaire à la diffusion des allégresses et que c’était pour cela qu’un miracle persistant gardait leur progéniture.

En accomplissement de la plus impénétrable des lois, ils étaient puissamment ancrés dans leur volonté mauvaise d’assoupir la Force de Dieu et d’ajourner implacablement sa Gloire, pour qu’en effet l’une et l’autre parussent oisives en présence des désespoirs de l’humanité, — jusqu’à l’heure admirablement occulte où la Propitiation douloureuse du Verbe fait Chair serait consommée dans tous ses membres.

Et cette heure furtive, Jésus lui-même avait déclaré ne la point connaître, affirmant que « nul, excepté le Père, ne la connaissait[1] !… »

  1. Marc, XIII, 32.