Page:Bloy - Le Sang du pauvre, Stock, 1932.djvu/22

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chrétienne ravissante ne soit pas privée du délice d’un repas exquis devant un bon feu ; oh ! alors, que c’est long d’attendre ! et que je comprends la justice des désespérés !

J’ai pensé, quelquefois, que cette meute, dont le souvenir me poursuit, était une de ces images douloureuses, qui passent dans le fond des songes de la vie, et je me suis dit que ce troupeau féroce était, en une manière, — et bien plus exactement qu’on ne pourrait croire — pour chasser le Pauvre.

Obsession terrible ! Entendez-vous ce concert, dans ce palais en fête, cette musique, ces instruments de joie et d’amour qui font croire aux hommes que leur paradis n’est pas perdu ! Eh ! bien, pour moi, c’est toujours la fanfare du lancer, le signal de la chasse à courre. Est-ce pour moi, aujourd’hui ? Est-ce pour mon frère ? Et quel moyen de nous défendre ?

Mais ces atroces, dont le pauvre suant d’angoisse entend l’allégresse, sont des catholiques, pourtant, des chrétiens comme lui ! n’est-ce pas ? Alors tout ce qui porte la marque de Dieu sur terre, les croix des chemins, les images pieuses