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les dernières colonnes de l’église

son couvent maintenant établi en Belgique, se trouvait à Ligugé à l’époque où M. Huysmans, confortablement installé dans une maison de campagne, auprès de cette abbaye, se donnait l’illusion de la vie monacale. Je compte bien avoir, sur ce séjour, dont on a tant parlé, des renseignements inédits. Il est en outre fort intéressant de savoir ce que les Bénédictins pensaient, eux-mêmes, de leur hôte et de sa conversion.

Après quelques instants de conversation consacrée à nos souvenirs communs, le père X… répond sans hésitation et avec une franchise toute militaire aux questions que je lui pose sur l’auteur de L’Oblat, mais en me faisant observer qu’il me donne seulement son opinion personnelle, sans que celle-ci puisse engager celle des autres religieux de son couvent.

Voici, du reste, les déclarations qu’il veut bien me faire et dont il ressort très-nettement que, contrairement à ce qu’on avait dit, dans la presse, et à ce que M. Huysmans lui-même avait laissé entendre, l’écrivain catholicisant n’a jamais appartenu à aucun degré à l’ordre de Saint-Benoît.

« Nous avons eu très-peu de rapports avec M. Huysmans qui, d’ailleurs, très-discret, n’a cherché en aucune façon à s’insinuer parmi nous, Il venait uniquement, soit pour voir le père abbé, soit pour s’entretenir avec son confesseur dont la cellule était voisine de la mienne. Je l’ai ainsi rencontré assez souvent sans avoir jamais échangé, avec lui, la moindre parole. Il assistait, tous les jours, à la grand’