Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/22

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quotidienne depuis le Diktat hitlérien. Vous savez qu’elle s’est exercée, et non sans succès, pour orienter le conflit dans le sens de la négociation internationale, c’est-à-dire pour l’aiguiller sur une voie qui ne pouvait pas conduire à la guerre. Vous avez vu que tout notre effort tendait à tirer du danger de guerre un moyen de consolider l’organisation de la paix. Voilà l’œuvre des bellicistes que nous sommes. Dites-nous maintenant qui a le plus exactement compris l’inquiétude du pays ? Dites-nous qui est le mieux en état d’y répondre ? Dites-nous qui est le mieux en mesure de la soulager ?

Mais je vois bien que cette inquiétude n’est pas la seule et que d’autres préoccupations pèsent lourdement sur vos esprits. Vous sentez tous que la liberté française est menacée comme la paix européenne. Qui aurait dit cela il y a quatre ans, pendant la dernière campagne électorale ? Qui aurait pu attendre raisonnablement que la France, que la terre classique de la liberté, pût être gagnée par la contagion fasciste, qu’elle fût menacée de subir à son tour le sort des peuples asservis et torturés qui l’avoisinent ? Les « vieilles idoles » de la Liberté sont cependant restées pour nous les lois humaines. En France, la liberté n’est pas seulement le bien du peuple : elle est son œuvre. C’est lui qui l’a conquise au prix d’un siècle et demi de sacrifices sanglants. Et ce qu’il a conquis, le peuple français, c’est-à-dire vous, chers citoyens, est bien résolu à le défendre.

Ici encore, le Parti Socialiste a fait ses preuves, et il peut en appeler à vous avec confiance. Il ne s’est pas mépris sur le danger. Il n’a jamais hésité, jamais fléchi, jamais pactisé dans la lutte. Il a rejeté, comme il rejette encore, toute compromis-