Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/325

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dire la mystique — n’est pas atteinte. L’enthousiasme n’a pas fléchi. Chaque fois qu’on prend la température du pays (et nous la prenons en cette minute même) on s’aperçoit qu’elle n’a pas baissé. Ce qui montre, soit dit en passant, que nous n’avons tout de même pas déçu si cruellement les espoirs qu’avait éveillés notre arrivée au pouvoir.

Qu’y a-t-il donc de changé ? Que s’est-il produit ?… Un phénomène politique assez singulier, à vrai dire, assez réfractaire à l’analyse. La formation du Front Populaire recueille le même assentiment dans la masse du pays, et cependant un doute se propage sur sa consistance, sur sa durée. Parlons encore plus directement. La majorité parlementaire du Gouvernement actuel groupe les radicaux, les républicains-socialistes, les socialistes, les communistes. L’inquiétude qui s’éveille chez certains de nos amis et que nos adversaires s’efforcent d’exploiter, de grossir, en une véritable rumeur d’opinion, vise le Parti Communiste. On se demande sincèrement, ou on affecte de se demander, s’il ne représente pas dans la majorité d’aujourd’hui un élément hétérogène, devant s’éliminer tôt ou tard, si par conséquent la formation du Front Populaire n’est pas destinée à se désagréger pour faire place à une formation politique nouvelle, qui viendrait s’installer sur ses décombres.

Je ne recherche pas d’où est issue l’inquiétude, de quoi s’est alimentée la rumeur. Je me place devant la question actuelle, et je tiens à y répondre pour ma part sans ambage et sans réticence. On peut être un chef de Gouvernement et un honnête homme : le cumul de ces deux qualités n’a même rien d’exceptionnel. Or, l’honneur et la probité politiques nous interdiraient de gouverner au nom d’une formation politique autre que celle qui s’est constituée avant les élections générales et dont nous sommes les représentants au pouvoir. Si l’un des partis politiques qui y ont adhéré nous reti-