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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

cation, assez vraisemblable parut contenter tout le monde sauf Marie-Anna que l’inquiétude gagnait. Elle sentait le vide autour d’elle au milieu de ses amis ; quelque chose lui disait qu’elle allait souffrir. L’heure passait. N’y pouvant tenir plus longtemps, Marie-Anna sortit du salon pour aller interroger la rue. Le village était plein de silence et de nuit ; pas le moindre bruit de pas sur le chemin. La jeune fille s’exposa durant quelques minutes à la fraîcheur de la nuit, cherchant à calmer ses nerfs et la fièvre qui l’envahissait. Elle revint au salon, frissonnante et le cœur en démence.

Les jeunes gens émettaient des hypothèses sur le retard singulier des deux Français quand une tenture du salon se souleva et une femme apparut. C’était madame Carlier.

Grande et forte, un peu grisonnante et d’un teint pâle qui lui donnait un air de ressemblance avec sa fille, elle fut autrefois une des plus jolies femmes des Trois-Rivières. Des chagrins violents avaient de bonne heure flétri son visage ; la perte de son mari, l’ingénieur Carlier, des revers de fortune à la suite d’un grand incendie, une longue maladie de Marie-Anna durant la-