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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

vent c’est à ce moment précis que l’esprit se dérobe, bat la campagne au milieu de la foule et cherche le ciel au fond des cratères. Et vraiment c’est faire œuvre de charité que de ne pas renouveler l’invite, quand l’invité distrait ou faible recule devant l’effort.

Marie-Anna ne craignit pas d’embarrasser Villodin et Gilbert en les prenant ainsi à l’improviste ; tous deux avaient fait leurs preuves. Villodin, ancien coureur de « petits salons où l’on parle » provoquait volontiers des occasions semblables pour son indéfectible amour du flirt. Quant à Gilbert, il eut été capable d’acheter une manufacture d’albums pour son seul usage.

Villodin regarda la jeune fille avec une certaine fixité comme pour puiser dans ses yeux l’inspiration subite puis avec une lenteur réfléchie, il traça ces mots :

Que me répondront-ils, si j’ose
Dire à vos yeux qu’ils sont charmants ?
Ces beaux grands yeux noirs si brillants
Me répondront-ils quelque chose.
          Si J’ose ?…