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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

— Oh, pardonnez-moi ! dit-il. Vous me rendez si malheureux ! Vous êtes si méchante avec moi ! Vous le saviez, pourtant, ce que je viens de vous dire. Pourquoi me découragez-vous toujours ? Pourquoi ne m’aimez-vous pas un peu, moi qui vous aime tant ?

Elle secoua la tête et dit d’une voix qui tremblait et qu’elle s’efforçait en vain de rendre sévère :

— C’est très mal, ce que vous faites-là ! Vous m’obligez à vous parler comme à un enfant gâté qui veut toujours plus que ce qu’on lui donne. Écoutez-moi, M. de Villodin. J’ai deviné depuis longtemps les sentiments que vous éprouvez pour moi ; vous auriez comprendre que si je n’y répondais pas, c’était pour vous engager à ne pas persister dans ce caprice ; vous admettrez bien que je puisse avoir des raisons pour désirer demeurer libre ; d’ailleurs, je suis sûre que vous m’estimeriez moins si j’avais été devant vous une de ces jeunes filles complaisantes qui vont au-devant des aventures quand on ne leur en offre pas. Vous m’avez jugée d’une façon vulgaire si vous avez espéré de moi les mêmes facilités. J’ai trop conscience de mes de-