Page:Boccace - Décaméron.djvu/634

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   Par Dieu donc, que chaque dame
      Soit prévenue de ne pas s’aviser
      De me faire outrage en cela ;
      Car, s’il s’en trouvait une
      Qui, par paroles, par signes ou par caresses,
      Chercherait à me faire en cela dommage
      Ou me le ferait, et si je venais à le savoir,
      Que je sois défigurée
      Si je ne lui ferais pas pleurer amèrement une telle folie.

Comme la Fiammetta eut fini sa chanson, Dioneo, qui était à côté d’elle, dit en riant : « — Madame, ce sera grande courtoisie à vous de faire connaître votre amant à toutes, afin que, par ignorance, on ne vous en enlève point la possession, ce dont vous pourriez vous fâcher. — » Après cette chanson, ils en chantèrent plusieurs autres. La nuit était déjà près de moitié achevée, lorsque, selon qu’il plut au roi, tous allèrent se reposer. Dès que le jour suivant apparut, s’étant levés, et le sénéchal ayant déjà fait partir leurs bagages, ils s’en retournèrent vers Florence, sur les pas de leur roi avisé. Les trois jeunes gens ayant laissé les sept dames dans Santa Maria Novella, d’où ils étaient partis avec elles, ils en prirent congé, et s’en allèrent à leurs autres plaisirs. Quant à elles, lorsqu’il leur en parut temps, elles s’en retournèrent à leurs demeures.