Page:Boccace - Décaméron.djvu/75

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Ce bien ne fuit pas quand je veux
Le contempler encore pour ma satisfaction ;
Au contraire, il accourt au-devant de mes yeux,
Si suave à ressentir, qu’aucune parole
Ne le pourrait dire, ni être comprise
D’aucun mortel jamais
Qui ne brûlerait pas d’un semblable désir.

Et moi, qui m’enflamme de plus en plus à chaque heure.
Plus je tiens les yeux fixés sur lui,
Plus je m’y donne, plus je m’y livre toute,
Goûtant déjà un peu de ce qu’il m’a promis ;
Et j’en espère encore par la suite plus grande joie,
Ainsi faite que jamais
On ne sente ici-bas pareil désir.

Cette petite ballade finie, et tous y ayant joyeusement répondu, bien que ses paroles eussent donné fort à penser à quelques-uns, on se livra à d’autres danses ; puis, une partie de la nuit étant déjà passée, il plut à la reine de mettre fin à la première journée. Ayant fait allumer les torches, elle ordonna que tous allassent se reposer jusqu’au lendemain matin ; ce que chacun, ayant regagné sa chambre, s’empressa de faire.