Page:Bodin - Le Roman de l’avenir.djvu/387

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née à une conception littéraire au moins bizarre, se bornant à tâter, à retourner, à soupeser cette conception, pour lui assigner sa valeur. Ceux-là sont les critiques, gens difficiles à contenter, surtout parce qu’ils diffèrent tous d’opinions arrêtées ou de manières de sentir.

Les uns, et c’est la plupart, n’auront pas trouvé que cet avenir répondît à celui qu’ils avaient imaginé ; ils l’auront jugé ou trop ou pas assez semblable au présent. D’autres y désireront plus de clarté, moins de choses laissées sans explication et jetées au lecteur avec le qui potest capere capiat ; d’autres, au contraire, regretteront de n’y pas rencontrer suffisamment le demi-jour de la poésie métaphysique, le crépuscule nuageux de la synthèse appliquée à l’histoire future de l’humanité ; ou les ténèbres sillonnées d’éclairs, avec les formes brèves et figurées du verset de l’Apocalypse.

Sans répondre à tous pour le moment, je dirai seulement aux derniers qu’en plaçant le point de vue d’avenir sur un plan trop éloigné, je me hasardais dans ce que j’appelle l’épopée de l’avenir, ce qui doit être l’œuvre d’un autre temps, ou certainement d’un autre homme. Des conceptions trop osées, qui eussent toutefois pâli auprès de celles de M. Ch. Fourier, cet utopiste armé de l’analogie comme d’un instrument tranchant à l’aide duquel il est devenu le plus merveilleux comme le plus intrépide des imaginateurs d’avenir ; de telles conceptions, dis-je, eussent eu l’inconvénient de trop nuire à la vraisemblance et à l’intérêt, et de ne pas laisser voir à la grande majorité des lecteurs ce qui leur plaît