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Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/53

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Pappia, qui donnait de grands privilèges à ceux qui avaient des enfants, ceux qui n’en avaient point en adoptaient, pour avoir part aux magistrats, et après avoir eu ce qu’ils demandaient, ils émancipaient[1] les enfants comme au contraire Clodius étant noble, se fît adopter par un roturier[2], et quitta la noblesse pour être tribun du peuple, et tôt après se fît émanciper. C’est pourquoi le Sénat Romain fit un[3] arrêt, que les enfants adoptés ne donneraient aucun privilège des charges publiques, fût de tutelles, ou d’impôts. Et depuis fut ordonné qu’on ne pourrait par ce moyen obtenir[4] aucun office : ni empêcher les substitutions faites à faute d’enfants[5] : ni faire obtenir ce qui était laissé, ou promis, au cas qu’on[6] aurait enfants : ni casser les donations qui sont révoquées, quand le donateur a des enfants[7] : ni fraire que les filles par laz couftume jjum de « >ndit.&
foyentexcluiesrny quele3motde fils Amplement apofe aux loix, cou— ?. î.fîitaquis. §.fî
ftumes, 8c autres adtes légitimés, fîgnifie l’enfant adopté.toutes lefquel— ^c’aftrefanu.
les fraudes il eft bon de retrancher, & non pas eftaindre le droit des ado— p^onTc&con
prions, &pour le moins laifler au pere adoptif la puiflance paternelle, 
pour tenir en obeiflance le fils adopté. Voila quant au fécond point de ub.i.&loi.îib.4.
la famille touchant le gouuernement du pere enuersfes enfans : difons
du troifiefme.


DE LA PUISSANCE SEIGNEURIALE,
& s’il faut souffrir les esclaves en la République bien ordonnée.


CHAP. V.


L a troisième partie du gouvernement des ménages dépend de la puissance du Seigneur envers ses esclaves, et du maître envers ses serviteurs. Car mefme le nom
de famille vient à famulis 8c famulitio, par ce qu’il y a-
uoit grand nombre d’efclaues, 8c de la plupart des fu-
gets delà famille, on nommoit toutle mefnage1 famil— i.prommciatb « 
le : oupourcequ’iln’yauoitricheffesque d’efclaues, onappellalescom-
pagnies d’efclaues, familles, 8c la fucceflion du deffundt, famille. Et Sene— tum.l.fi quisid
que voulant monftrer combien le Seigneur doibt eftre modéré enuers quoddelunfdlc*
fes efclaueSjil dit que les anciens ont appeilé le chef de la maifon pere de
famille, &non pas feigneur.Et d’autant que tout le monde eft rempli de
efclaues, hormis vn quartier de l’Europe, qui les reçoit defiapeu à peu, il
efticy befoin de toucher, 8c delapuiflance du feigneur enuers les efcla¬
ues, & des inconueiiiens 8c commoditez qui refultent de receuoirles e-
fçlaues, qui eft vn point de confequence, non feulement à toutes famil¬
les en gênerai, ains auffi à toutes Republiques. Or tout efclaue eft natu¬
rel, a fçauoir engendré de femme efclaue : ou fait par droidt de guerre : ou
par crime, qu’on appelle efclaue de peine : ou quia eu part au pris de fà li-

  1. Tacit. lib.I.
  2. Cicero pro domo.
  3. Tacit. lib.1. l. nec ci. de adopt.
  4. l.2. §. adoptivi. de vacat numerun & §.1 in institu. de excusat.
  5. l. fideicommissum de condit. & demon.
  6. l. si ira quis. §. si quis de leg. 2.
  7. Castrens. in l.2. si in fraudem. patroni. C. & consil. 433. lib.1.