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Page:Boileau -Oeuvres complètes, tome 3 - ed. Garnier-1870.djvu/106

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PROLOGUE.


LA POÉSIE, LA MUSIQUE.
LA POÉSIE.

Quoi ! par de vains accords et des sons impuissants
Vous croyez exprimer tout ce que je sais dire !

LA MUSIQUE.

Aux doux transports qu’Apollon vous inspire
Je crois pouvoir mêler la douceur de mes chants.

LA POÉSIE.

Oui, vous pouvez aux bords d’une fontaine
Avec moi soupirer une amoureuse peine,
Faire gémir Thyrsis, faire plaindre Climène ;
Mais, quand je fais parler les héros et les dieux,
Vos chants audacieux
Ne me sauroient prêter qu’une cadence vaine.
Quittez ce soin ambitieux.

LA MUSIQUE.

Je sais l’art d’embellir vos plus rares merveilles.

LA POÉSIE.

On ne veut plus alors entendre votre voix.

LA MUSIQUE.

Pour entendre mes sons, les rochers et les bois
Ont jadis trouvé des oreilles.