Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/19

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le maintenir et le guider dans la voie suivie par les écrivains du temps de Périclès et de celui d’Auguste. Après avoir loué Boileau d’avoir eu constamment du goût, du bon sens, de la correction, de la dignité, il faut le louer d’avoir concouru plus que personne à donner les mêmes qualités aux plus éminents de ses contemporains.

On pourrait presque dire qu’indépendamment de l’autorité que lui donnait son mérite, Boileau avait une sorte de caractère officiel pour dominer ce qu’on appelait, même alors, la république des lettres. Non pas qu’il ait jamais été chargé, comme Chapelain, de distribuer des récompenses ; mais tout le monde, dans ce temps-là, avait les yeux fixés sur la cour, toute la cour sur Louis XIV ; et Louis XIV prenait volontiers l’avis de Boileau. Il convenait au grand roi d’avoir son poëte satirique, comme il avait Molière pour la comédie, Racine pour la tragédie, Quinault pour les opéras. Nous ne sentons pas bien aujourd’hui ce que c’était pour un poëte que d’entendre sortir son nom de la bouche de Boileau, récitant une épître nouvelle à Versailles, dans le salon du roi, en présence de Louis XIV et de toute la cour. Si le roi avait approuvé, le jugement était définitif. Ni l’Académie, ni le public n’en rappelaient. Un pauvre abbé fut si consterné de s’être trouvé enchâssé dans un hémistiche à côté de Chapelain ou de quelque autre écrivain de la même farine, qu’il en mourut.

Boileau avait été présenté à la cour par le duc de