Page:Boileau - Œuvres poétiques, édition 1872.djvu/33

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composées. Le style en est plus correct et plus facile ; Boileau y possède pleinement cet art si apprécié au XVIIe siècle, si inconnu de nos jours, et que personne ne poussa jamais plus loin, de dire noblement les choses les plus vulgaires. Au fond, les Épîtres ne sont guère que des satires, sous un titre différent. Elles sont, comme les satires, un peu guindées, un peu solennelles, et n’ont pas cet aimable laisser aller des épîtres d’Horace. Il s’en faut que Boileau, dans les épîtres et dans les satires, se soutienne toujours à la même hauteur. Quatre de ses épîtres, la IVe, la VIe, la VIIe et la IXe, sont, sans comparaison, les meilleures. Il faut placer ensuite la VIIIe et la Xe . Au contraire, la IIe épître, par exemple, et celle qu’il a écrite dans sa vieillesse sur l’Amour de Dieu, sont des ouvrages où l’on ne peut guère louer que la sagesse et la correction, qualités par trop négatives. L’épître sur l’Amour de Dieu était pourtant l’ouvrage de prédilection de Boileau. Il est vrai que le cardinal de Noailles l’avait approuvée, et « avait daigné donner à l’auteur d’utiles conseils. » Après une déclaration si précise, on aurait mauvaise grâce à ne pas reconnaître que l’épître sur l’Amour de Dieu est au moins un ouvrage orthodoxe. L’Art poétique peut être considéré comme le chef-d’œuvre de Boileau. Son talent, d’une nature essentiellement dogmatique, s’y déploie à l’aise et y fait merveille. La meilleure prose n’aurait pas cette précision ; bien peu de vers atteignent cette élégance. Une composition sobre, bien ordonnée, des préceptes d’une justesse parfaite, des remarques fines