Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/169

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nuyer en garnison ou à bivouaquer en campagne.

Robert le trouva étendu sur un divan au fond d’un cabinet de toilette qui était un vrai modèle du genre. De grandes glaces y recouvraient de grands placards qui avaient chacun leur destination particulière. Il y avait l’armoire aux habits de soirée, l’armoire aux costumes du matin, l’armoire aux vêtements pour monter à cheval, une réserve pour les chaussures et une pour certains objets de toilette qui ne pouvaient pas trouver place sur les tablettes de marbre blanc de l’immense lavabo à l’anglaise.

— Peste ! mon colonel, que vous êtes donc bien logé ! s’écria Robert, émerveillé.

— Mais oui, pas trop mal, dit en riant Louis de Mornac. C’est honteux pour un vieux soldat de se dorloter ainsi dans les capitonnages. Mais j’ai habité assez de bouges quand j’étais jeune ; j’ai bien le droit de me dédommager un peu sur mes vieux jours. Et puis, je te prie de croire que je ne me suis pas amolli dans les délices de cette Capoue, qui me coûte quatre mille francs de loyer, sans compter les impositions. Je monte à cheval deux heures tous les matins et le jour où il faudra charger conter les Prussiens, je serai encore en état de faire proprement le coup de sabre. Tu verras ça, car j’espère bien que tu t’engageras dans mon régiment. Mais, malheureusement, nous n’en sommes pas encore à la revanche.

Allons déjeuner, en attendant.

Le colonel se leva et poussa Bécherel dans une salle à manger aussi élégante et aussi bien comprise que le cabinet de toilette.