Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/171

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— Je ne lui ai même parlé que d’elle et je n’ai pas perdu mon temps. Il n’a rien à me refuser, cet excellent Cochard. Je l’ai commandité, l’an dernier, d’une centaine de mille francs qui lui feraient grandement faute, si je m’avisais de les retirer, car la dernière saison théâtrale n’a pas été brillante pour lui, et celle où nous entrons ne s’annonce pas beaucoup mieux. Il a grand besoin de mon argent et surtout d’une artiste qui lui ramène la vogue. Ce qu’il cherche, c’est une perle inconnue… une étoile inédite… de la beauté, du talent et une intelligence hors ligne, attendu qu’il s’agit d’apprendre en trois semaines un rôle assez long et assez difficile.

Naturellement, je lui ai répondu : j’ai votre affaire… prenez mon ours !… ah ! pardon, cher ami, j’oubliais que tu es amoureux de cette petite…

— Allez toujours, mon colonel !… je ne vous en veux pas. Et ce directeur a accepté d’emblée le cadeau que vous lui avez offert ?

— Tu dois bien penser qu’il n’est pas homme à acheter, comme on dit, chat en poche. Mais il a consenti tout de suite à entendre ma merveille et afin de ne pas perdre de temps, il a convoqué, pour ce matin, au théâtre, l’auteur et le compositeur de l’opérette en question, le chef d’orchestre, la…

— Ah ! mon Dieu ! Et Violette qui n’est pas prévenue !

— Me prends-tu pour un étourneau ? Elle est avertie depuis hier. Tu m’avais donné sa nouvelle adresse, 47, rue de Constantinople. Je lui ai écrit, avant de sortir du cabinet de Cochard et, en ce moment même, pendant que tu achèves d’expédier ta