Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/241

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loge proche, tout le monde dormait dans l’hôtel de la Providence.

Le logeur n’avait pas exagéré en vantant la tranquillité dont ses locataires jouissaient. Aucun bruit n’arrivait aux oreilles de Robert, accoudé à la fenêtre et il n’apercevait pas d’autre lueur que le reflet lointain des becs de gaz de la rue Milton. La maison de Marcandier lui cachait ceux de la rue Rodier.

Ce silence profond et cette absence totale de clartés domestiques le décidèrent à agir immédiatement.

Il ne faisait pas froid et son pardessus n’aurait servi qu’à l’embarrasser. Il ôta, se sangla avec la ceinture de gymnaste, ornée d’un crochet qui était de taille à supporter le poids d’un homme, mit dans ses poches le levier et les tenailles, alluma son falot, rabattit le manteau en fer-blanc pour masquer la bougie et le suspendit à un des boutons de sa jaquette, par un anneau destiné à cet usage. Enfin, il enroula autour de sa poitrine la plus longue des deux cordes et, équipé de la sorte, il accrocha la plus courte à la barre d’appui de la fenêtre.

Après quoi, il se coula sous cette barre, les pieds en avant, saisit à deux mains le premier nœud et descendit à la force du poignet.

Ce fut l’affaire d’un instant pour arriver en bas.

Il s’agissait maintenant de grimper jusqu’au faîte à plat ventre, exercice pénible, s’il en fut, quand on rampe sur des tuiles emboîtées les unes dans les autres et ne présentant pas de saillies propres à servir de points d’appui.