Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/276

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et Bécherel s’était facilement résigné à attendre, pour le rembourser, l’échéance du billet.

L’enfant prodigue écrivait aussi à sa mère des lettres un peu embarrassées ne tourmentait pas autrement de celles qu’il recevait d’elle. Dans ces lettres, la sainte femme ne se plaignait pas ; elle ne mettait pas son fils en demeure de rentrer à Rennes immédiatement ; mais Robert devinait bien qu’elle était à bout de patience, et il ne savait pas trop ce qu’il ferait si, lassée d’attendre, elle se décidait, un beau jour, à partir pour Paris et à tomber chez lui à l’improviste.

Violette, pourtant, s’informait souvent de Mme de Bécherel, et, dans son innocence, elle se réjouissait d’avance de la revoir et de la remercier de s’être intéressée à elle, lorsqu’elle était encore au couvent de la Visitation.

Elle ne se demandait pas quel accueil ferait la pieuse et noble dame à une chanteuse des Fantaisies Lyriques.

Autrefois, elle eût été moins rassurée sur le résultat de cette rencontre, mais le bonheur lui faisait voir tout en rose.

Violette avait pourtant un grave sujet d’inquiétude et de chagrin qu’elle ne confiait pas à son amoureux.

Depuis une quinzaine de jours, elle recevait, tantôt chez elle, tantôt au théâtre, des lettres d’un monsieur qui ne les signait pas et qui lui offrait, non pas son cœur et sa main, mais sa protection, et sa fortune.

La jeune fille n’avait pas fait grande attention à la première, mais dans les suivantes, le monsieur