Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/364

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Jeannic disparut, et sans perdre une minute, Bécherel se mit à raconter à M. de Mornac son expédition d’antan ; il la lui raconta depuis l’incident de la pomme lancée du grenier, jusqu’à l’insuccès final, sans oublier aucun détail.

M. de Mornac écouta ce récit avec toute l’attention qu’il méritait, et en tira d’abord une conclusion assez inattendue :

— Il fait convenir, dit-il froidement, que tu as eu grand tort de me cacher cette aventure. Si tu me l’avais confiée, nous n’en serions pas où nous en sommes.

— Oui, j’ai eu tort, s’empressa de répondre Bécherel, mais maintenant que vous la connaissez, vous ne doutez pas, j’espère, que Violette n’ait été enfermée dans cette geôle mitoyenne.

— Je n’en suis pas encore bien sûr. Et voici pourquoi. D’abord, si c’est Marcandier qui a fait le coup, il n’avait pas besoin de s’adjoindre Galimas.

Robert ne trouva rien à répondre à l’objection.

— Ensuite, si c’est la mère de Violette que Marcandier a séquestrée dans son grenier, il aurait commis une étrange imprudence en y logeant aussi la fille.

— Vous oubliez, mon colonel, que Marcandier ne connaît rien de l’histoire de Violette. La Malvoisine et sa fille ne la connaissent pas non plus. Où l’auraient-ils apprise ? Ils savent que Violette est une enfant trouvée. Ils n’en savent pas davantage.

— Ça, c’est un argument spécieux : mais nous ne risquions rien d’agir comme si tu avais raison… et d’agir immédiatement. J’ai à peu près carte blanche de la préfecture. Mes deux agents se