Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/376

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— Je n’en sais rien. J’étais en Amérique, lorsqu’elle a disparu. C’est à la suite de ce malheur que ma femme est devenue folle.

— Et vous n’avez pas cherché à retrouver votre enfant ?

— À quoi bon ? Marcandier m’a affirmé qu’elle était morte. On l’avait enlevée dans une barque pour la conduire en Angleterre et la barque a été coulée en pleine Manche par un navire qui l’a abordée.

— Ah ! c’est Marcandier qui…

— Je l’aimais pourtant, cette petite. Mais j’ai fini par l’oublier. Et c’est presque un bonheur qu’elle soit morte. Depuis mon mariage, ma vie était devenue un enfer. Ma femme avait découvert que j’avais un double ménage, et elle me faisait des scènes continuelles. Maintenant, j’ai la paix… mais je ne suis pas beaucoup plus heureux.

— Il me semble pourtant que Mlle Herminie…

— Herminie est une fille sans cœur et sa mère l’a fort mal élevée. Elle va se marier, à ce que m’a écrit Marcandier. J’en serai charmé ; je la doterai largement et elle héritera de moi. Je songe à reprendre la mer et mourrai comme j’ai vécu… en marin. J’ai tout dit. Avez-vous autre chose à me demander ?

— Une seule. Il faut que je fasse mon rapport à M. le préfet et pour que je puisse le faire en connaissance de cause, il faut que je voie…

— Ma femme ! Qu’à cela ne tienne. Je ne l’ai pas vue, moi, depuis qu’elle est là-haut, mais j’ai la clé du grenier où Marcandier l’a logée.

— Vous l’avez sur vous, cette clé ?