Page:Boissière - Propos d’un intoxiqué, 1909.djvu/66

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En amont de Hué, un matin, nous allions à travers des cours immenses : sur les murs de pierre, une haute futaie faisait déborder ses frondaisons ; des éléphants, le calcaire nous formaient la haie, alternant avec des titans hécatonchires et des guerriers. Nous arrivions, par de larges escaliers, à des salles que supportaient les charpentes de teck, tordues en chimères, en dragons, en guivres furieuses ; on eût juré que tout cela allait s’animer, ramper, siffler, et se tordre en d’épouvantables combats.

Mais non, tout était mort ; dans les jardins, des ponts le pierre enjambaient de vastes fossés, d’une seule arche ; et de silencieux bonzes y passaient sans daigner tous voir.

… Sous un dôme de granit se dresse une pyramide le marbre ; des caractères d’or y narrent les exploits de M. Minh-mang, l’organisateur génial des provinces reconquises par le demi-dieu Gia-long — Minh-mang le dur dévot, le vieux maître rageur. Il repose près d’ici, et son orgueil se survit dans ce roc érigé pour l’éternité.

la gloire, célébrée sur le bronze et sur le granit, l’impose à la Terre, tandis que le Roi