Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/332

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de vingt-cinq, qui ont été écrites après la mort de César[1]. Malgré la perte des autres, Brutus tient encore une si grande place dans les ouvrages qui nous restent de Cicéron, surtout dans sa correspondance, qu’on y trouve tous les éléments nécessaires pour le bien connaître. Je vais les réunir, et refaire non pas le récit de la vie entière de Brutus, ce qui m’obligerait à insister sur des événements trop connus, mais seulement l’histoire de ses relations avec Cicéron.

I

Atticus, l’ami de tout le monde, les rapprocha. C’était vers l’an 700, peu de temps après que Cicéron fut revenu de l’exil, et au milieu des troubles que suscitait Clodius, un de ces agitateurs vulgaires comme Catilina, par lesquels César épuisait les forces de l’aristocratie romaine, pour en avoir un jour plus facilement raison. La situation que Cicéron et Brutus occupaient alors dans la république était fort différente. Cicéron avait rempli les fonctions les plus élevées, et y avait rendu d’illustres services. Son talent et sa probité en faisaient un auxiliaire précieux pour le parti aristocratique, auquel il s’était attaché ; il n’était pas sans influence auprès du peuple, que charmait sa parole ; les provinces l’aimaient

  1. L’authenticité de ces lettres a été souvent contestée depuis le siècle dernier. Tout récemment encore la question a été débattue en Allemagne avec beaucoup de vivacité, et un critique distingué, F. Hermann de Gœttingue, a publié des mémoires très remarquables, et auxquels il me semble difficile de répondre, pour établir qu’elles sont bien de Brutus et de Cicéron. J’ai résumé ses principaux arguments dans les Recherches sur la manière dont furent recueillies des lettres de Cicéron, ch. V.