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l’académie française sous l’ancien régime.

et Boileau étaient candidats à la succession de Colbert. Boileau avait promis de ne faire aucune démarche, et il tint parole, mais ses amis se remuèrent beaucoup pour lui. Ils n’avaient aucune animosité particulière contre son rival, plusieurs même vivaient avec lui familièrement ; mais il s’agissait d’une lutte de principe et d’école : personne ne voulait céder. L’ancienne école poétique, celle de Louis XIII, qui avait régné sans partage dans l’Académie à sa naissance, quoique très affaiblie, était encore puissante. On voulait achever de triompher d’elle en faisant élire son plus cruel ennemi, celui qui avait rendu Chapelain, Cassagne et Cotin la risée du public : elle résista, on le comprend bien, d’une façon désespérée.

La lutte fut donc très vive. Les élections étaient alors beaucoup plus compliquées que de nos jours : il y avait trois scrutins au lieu d’un seul. Dans le premier — le scrutin des billets — chacun déposait dans l’urne le nom du candidat qu’il préférait. Le bureau, aidé d’un membre de l’Académie, qu’on tirait au sort, opérait à l’écart le dépouillement des billets et ne faisait connaître