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l’académie française sous l’ancien régime.

dit-on, Corneille qui créa le mot de jetonniers, pour désigner ceux de ses confrères que l’appât du jeton, plus que les charmes du dictionnaire, attirait à l’Académie. Il était pourtant fort jetonnier lui-même, et La Fontaine encore plus : on sait que les amis de La Fontaine lui fournissaient « le souper et le gîte » ; c’était le jeton qui lui donnait « le reste ». Du moment qu’on touchait le jeton, il fallait le gagner, c’est-à-dire arriver à l’heure. Il fut assez difficile d’en faire prendre l’habitude aux académiciens ; ceux qui arrivaient en retard commençaient par faire le procès à l’horloge ; ils se plaignaient que le sieur Thuret ne l’eût pas bien réglée, et ils y mettaient tant d’insistance qu’ils finissaient par se faire rétablir sur la liste. « Pour empêcher cet abus, nous dit Perrault, je n’entrai exprès deux ou trois fois qu’un moment après l’heure sonnée : on voulut me mettre sur la feuille pour participer aux jetons ; je ne le souffris point, afin qu’étant établi qu’on ne me faisait point de grâce lorsque j’arrivais à l’heure sonnée, personne ne s’en plaignît si on en usait de même à son égard. »

Grâce à toutes ces mesures, le dictionnaire avançait. À la fin de 1684 on s’occupait des dernières