Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/109

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traité Geneviève avec le respect qu’il devait à sa vertu. Mais lorsque Sifroy fut parti depuis quelque temps, il trouva que sa douleur la rendait plus belle, et il sentit naître en lui une grande envie du bonheur de Sifroy. Il se permit de désirer la comtesse pour femme et il ne sut pas contenir sa passion naissante, de sorte qu’il tomba dans l’iniquité et conçut l’idée du crime le plus cruel.

Son rêve fut d’empêcher le retour du comte, et de persuader à Geneviève que lui, Golo, était digne de devenir son époux. Toutefois, comme il fallait du temps pour arriver à l’accomplissement de ce rêve il commença par sonder le cœur de la comtesse. Un jour qu’elle regardait quelques tableaux qu’elle avait fait faire, il se rendit vers elle et s’occupa en apparence de ces peintures. Elle l’interrogea sur l’un des tableaux, qui était son propre portrait. Golo, qui ne cherchait qu’une occasion d’exprimer ce qu’il sentait, voyant que les demoiselles et les domestiques de la comtesse étaient trop éloignés pour l’entendre, lui dit : « Vraiment, madame, il n’est point de beauté qui approche de cette figure ; pour moi, je m’estime heureux d’y attacher à jamais toutes mes affections. »

En parlant ainsi, il tenait son regard arrêté sur Geneviève, qui s’en apercevait bien, mais qui fit semblant de ne rien comprendre aux paroles équivoques de son intendant. Golo devina la secrète pensé