Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/144

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XXIX

Vision.


Un soir que le palatin était couché, il entendit quelqu’un qui marchait à grands pas dans sa chambre. Aussitôt il tira les rideaux de son lit, et, n’ayant rien aperçu à la lueur d’un peu de lumière qui restait dans la chambre, il tâcha de s’endormir ; mais, un quart d’heure après, le même bruit recommença, si bien qu’il vit au milieu de la chambre un grand homme, pâle et défait, qui traînait un gros fardeau de chaînes avec lesquelles il paraissait lié. Cette terrible apparition était capable de faire peur à un homme moins hardi que Sifroy ; mais le comte, inaccessible à la crainte, demanda au fantôme ce qu’il voulait. L’esprit lui fit signe de venir à lui. Sifroy se sentit aussitôt mouiller d’une sueur froide. Il se leva néanmoins et suivit l’esprit jusqu’en un petit jardin où le fantôme disparut tout à coup, et le laissa seul. La lune se cacha et il se trouva dans les ténèbres. Ne sachant ce que cela voulait dire, il regagna son lit à tâtons. A peine couché, il s’imagina qu’il avait ce grand homme, tout de glace, étendu à côté de lui. Puis le spectre le serra entre ses bras. Sifroy, épouvanté, appela ses serviteurs. On accourut, mais on n’aperçut rien.