Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/147

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bonté de Dieu ne lui eût servi de maître. L’expérience ne lui avait jamais appris ce que c’était que la mort ; mais peu s’en fallut qu’il n’en eût un triste et funeste exemple en la personne de sa mère, quelques jours après.

Enfin, Geneviève étant revenue d’une longue pâmoison, elle arrêta quelque temps ses yeux sur l’aimable sujet de ses douleurs, et, après lui avoir appris qu’il était le fils d’un grand seigneur, elle lui dit en pleurant :

« Je quitte le monde sans regret, ainsi que j’y ai demeuré sans désir. Si j’étais capable de quelque déplaisir, ce serait de te laisser sans ressource et sans appui, souffrant des peines et des misères que tu n’as pas méritées.

« A ne point mentir, cette considération me toucherait sensiblement le cœur, si je n’en avais une plus haute qui me contraint de mettre tes intérêts entre les mains de celui qui est le père des orphelins et le soutien des innocents. Je ne veux pas que tu aies souvenance d’une mère qui ne t’a mis au monde que pour que tu en souffres les maux et les douleurs.

« Je te conjure néanmoins, mon cher Bénoni, d’ensevelir avec mon corps les ressentiments de mes malheurs. J’espère que la miséricorde de Dieu nous fera justice et qu’elle donnera à connaître à tout le monde que tu es le fils d’une femme sans reproche.