Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/154

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intercédait pour lui, en fut tellement touché qu’il s’écria :

« Madame, c’est maintenant que je vois mieux que jamais la bonté de votre cœur et la malice du mien. Hélas ! qui eût osé l’espérer ? celle que tant de justes raisons devraient animer à ma perte désire mon salut ! Misérable Golo, c’est à cette heure que tu es indigne de la vie, puisque tu as voulu ravir celle de cette sainte princesse. Non, ma chère maîtresse, laissez-moi mourir ; il faut que la rigueur d’une honteuse mort venge la cruauté de mon crime. »

Golo prenait Geneviève par le côté le plus sensible ; mais, si elle avait beaucoup de pitié, Sifroy n’avait pas moins de colère : car Dieu, voulant faire pour ce coup un exemple aux hommes, roidit si fort l’esprit du comte qu’il n’y eut aucun pardon pour le malheureux Golo.

Sa condamnation confirmée, on le ramena en prison pour attendre l’exécution de sa sentence. Il y avait dans le troupeau du palatin quatre effroyables bœufs sauvages que la forêt Noire[1] nourrissait ; on les amena par son commandement, on les accoupla queue à queue, et le misérable y fut attaché par les bras et par les jambes, qui furent

  1. Note 21 : La forêt Noire, dans le Wurtemberg, a plus de vingt lieues de long. Elle est célèbre dans les légendes de l’Allemagne. On y voit des sites d’une sévérité magnifique.