Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/17

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Si Peau d’Ane m’était conté,
J’y prendrais un plaisir extrême,


a dit le plus habile des conteurs, La Fontaine.

On a banni les démons et les fées,


disait, avec l’expression d’un vif regret, Voltaire, et il ajoutait :

Ah ! croyez-moi, l’erreur a son mérite[1]

Nous pourrions recueillir ainsi, en faveur des contes, de fort nombreux et fort éloquents témoignages. L’auteur de Don Quichotte, Cervantes, l’ennemi le plus redoutable qui ait croisé la plume contre l’épée de la chevalerie, fait dire à un cabaretier :

« Est-ce qu’il y a une meilleure lecture au monde ? J’ai lu deux ou trois de ces livres, et je puis bien assurer qu’ils m’ont donné la vie ; et non-seulement à moi, mais encore à beaucoup d’autres. Car, dans la saison des blés, il vient ici quantité de moissonneurs, </poem>

  1. O l’heureux temps que celui de ces fables,
    Des bons démons, des esprits familiers.
    Des farfadets, aux mortels secourables !
    On écoutait tous ces faits admirables
    Dans son château, près d’un large foyer.
    Le père et l’oncle, et la mère et la fille ;
    Et les voisins, et toute la famille,
    Ouvraient l’oreille à monsieur l’aumônier,
    Qui leur faisait des contes de sorcier.
    On a banni les démons et les fées ;
    Sous la raison les grâces étouffées
    Livrent nos coeurs à l’insipidité ;
    Le raisonner tristement s’accrédite,
    On court, hélas ! après la vérité :
    Ah ! croyez-moi, l’erreur a son mérite.