Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/173

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et il est courroucé de ce que plusieurs personnes de qualité ont perdu la vie. » Mais Robert, qui était échauffé et quasi hors de sens, ne tenait aucun compte des choses qu’on lui disait ; il faisait de pis en pis, tuant tous ceux qu’il rencontrait. Robert fit tant que le peuple s’émut et vint vers le duc, disant : « Seigneur duc, c’est grande folie de souffrir que votre fils Robert fasse ce qu’il fait ; pour Dieu, veuillez y porter remède. »


VIII.
Comment Robert allait par le pays de Normandie, désolant et prenant tout, et blessant chacun.

Quand Robert vit qu’il n’y avait plus personne aux joutes, il s’en fut par le pays, où il fit des maux bien plus grands que ceux qu’il avait faits jusqu’alors. Il tua tant de gens que ce fut pitié. Et il n’y avait nul homme en Normandie qui ne fût outragé par lui ; mêmement il pillait les églises et leur faisait guère incessamment. Il n’y avait abbaye qu’il ne fît dépouiller et détruire.

Tous ceux qu’il avait battus, blessés et volés, venaient se plaindre au duc et lui racontaient le désordre que faisait Robert par tout le pays de Normandie. L’un disait : « Monseigneur, votre fils m’a pris ma femme ; » l’autre disait : « Il a enlevé