Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/303

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la vertu de sa femme ; mais lorsqu’il vit pleurer dans ses bras cette belle enfant, son cœur fut ému et peu s’en fallut qu’il ne renonçât à sa cruelle épreuve. Cependant il se remit et commanda au vieux serviteur d’aller à Boulogne porter secrètement sa fille chez la comtesse d’Empêche, sa sœur, en la priant de la faire élever sous ses yeux, mais de façon à ce que personne au monde, pas même le comte son mari, ne pût avoir connaissance de ce mystère. Le serviteur exécuta fidèlement sa commission. La comtesse se chargea de l’enfant et la fit élever en secret, comme le lui recommandait son frère.

Depuis cette séparation, le marquis vécut avec sa femme comme auparavant. Souvent il lui arrivait d’observer son visage, et de chercher à lire dans ses yeux, pour voir s’il y démêlerait quelque signe de ressentiment ou de douleur. Mais il eut beau examiner, elle lui témoigna toujours le même amour et le même respect. Jamais elle ne montra l’apparence de la tristesse et, ni devant lui ni même en son absence, ne prononça une seule fois le nom de sa fille.