Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/335

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X.
Nouvelle tentative.

Il marcha cent jours le long de ces mers sauvages devant lesquelles ne se creuse aucun port et ne flotte le feuillage d’aucun arbre, réduit pour apaiser sa faim à se nourrir de racines amères trouvées çà et là dans les lieux propices, quelquefois même à gratter la mousse des rochers, et bien heureux lorsqu’il découvrait un maigre coquillage ; pour boisson il n’avait que l’eau des pluies, recueillie sur un morceau d’étoffe qui lui servait de ceinture et qu’il tordait au-dessus de sa bouche. Arrivé dans l’une des régions les plus tristes de cette triste Libye, à quelques lieues de Dernis, il voulut faire une nouvelle tentative pour s’engloutir au sein des flots et, au lieu de s’y précipiter, il y entra comme pour y prendre un bain, et s’avança aussi loin qu’il put, pendant deux ou trois lieues peut-être. Ses forces avaient disparu depuis longtemps qu’il nageait encore ; enfin, il allait ou disparaître ou, épuisé, se reposer sur la vague, s’il ne devait pas périr ; mais Dieu voulut qu’il reçût là une punition d’un nouveau genre : il permit au flot de s’ouvrir, Laquedem descendit sous les eaux, il eut l’espoir de s’y