Page:Boiteau - Légendes pour les enfants (Hachette 1861).djvu/63

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Il demeurait le plus souvent à Clichy, le pauvre sire, et s’y ennuyait volontiers de temps en temps. Clichy avait alors un nom latin : Clippiacum[1]. Je parle de Clichy-la-Garenne, de ce vilain village qui, aujourd’hui, grille au soleil dans une plaine blanche et nue, le long de la Seine, entre Neuilly et Saint-Denis, de Clichy qui est en face d’Asnières et qu’entourent à perte de vue des plantations de betteraves. Dagobert y vivait donc.

Pour ne pas mentir, son Clichy à lui était alors un peu moins laid que le Clichy qui nous appartient. Les chemins de fer qui passent par là n’envoyaient pas leur fumée dans les arbres et ne faisaient tousser personne sur les bords de la rivière ; la plaine, moins exclusivement couverte de betteraves, ne s’arrêtait pas court devant les maisonnettes de Batignolles ; elle s’élevait peu à peu et formait un plateau boisé qui descendait en collines du côté de Paris. De la Seine à la Seine il y avait une forêt touffue ; les prés l’entouraient d’un tapis moelleux qu’émaillaient les pâquerettes et les fleurs de la luzerne. Là où est la chaussée d’Antin et où piaffent dans leurs écuries de marbre les chevaux des banquiers, il se trouvait un délicieux ruisseau bordé de cresson, abrité par les saules et les osiers, çà et là

  1. Note 4 : Il faut se rappeler que les Franks n’étaient pas installés dans les Gaules depuis plus de cent cinquante ans, et que la langue latine n’était pas encore tout à fait morte.