Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/15

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une vieille constitution au lieu d’en former une nouvelle ; en un mot, c’est refuser d’être un monarque absolu, quand toutes les circonstances sont favorables.

On traitera tout ceci de paradoxe, et je dois m’y attendre, dans un siècle aussi frivole et aussi corrompu que le nôtre, dans un siècle où tant de gens trahissent la cause de la liberté, et agissent non seulement sans aucuns égards, mais dans des vues directement opposées à l’intérêt de la patrie ; non par surprise, ni par faiblesse, ni par séduction, mais par un choix réfléchi et par un constant attachement aux principes corrompus qu’ils ne cessent d’avouer et de propager ; dans un siècle où le service de la patrie est toujours sacrifié à l’intérêt personnel u à celui d’une faction effrénée ; dans un siècle enfin où la vérité est regardée comme une illusion, et où la cause de la liberté est traitée de sédition.

Mais il y a longtemps que j’ai bravé la censure ou le ridicule des hommes pervers ; leurs faux talents ne méritent que mon mépris, et leur immoralité mon indignation.

Discutons donc froidement à la barre de la raison et de l’expérience, jugeons si ces paradoxes ne sont pas des propositions qui entraînement avec elles l’évidence, et si ces rêveries ne sont pas de grandes vérités confirmées par l’expérience