Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/24

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mais pour servir d’exemple aux administrations futures. La clémence doit être sans doute une des premières vertus du prince dont j’ai entrepris de tracer le caractère ; mais elle a ses bornes, et elle ne doit pas dégénérer en faiblesse.

Parmi les êtres méprisables qui formeront cette cour corrompue, il y a une classe d’hommes trop bas pour qu’on s’en occupe et trop élevés pour qu’on les oublie tout à fait ; on pourrait les appeler les gros meubles d’une cour. Cette espèce de mannequins ressemble assez aux pions du jeu d’échecs ; on les remue à volonté sans conséquence, et le sort de la partie ne dépend pas d’eux. Il est d’usage que tous les princes en aient autour d’eux.

Quant au second objet, celui de n’appeler dans les conseils que des hommes de principes sûrs, on en sent toute l’importance. Un bon choix de ministres honnêtes et éclairés exige le discernement le plus sain. Il faut un tact très délié pour ne pas confondre l’homme fin avec l’homme rusé ; la distinction est imperceptible, Milord Bacon dit quelque part : que la ruse est une sagesse bâtarde et tortueuse. Je dirais plutôt que c’est une partie de la sagesse, mais la moins estimable, employée par certains gens, parce qu’ils n’ont que celle-là, et par