Page:Bolingbroke - Des devoirs d'un roi patriote et portrait des ministres de tous les temps, 1790.djvu/34

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dans ses imperfections : d’autres trouveront l’ouvrage défectueux, parce qu’il n’est pas achevé ; et sans savoir précisément ce qui leur déplait, ils pourront admirer sans être content. Il en est de même en morale, les qualités brillantes cachent les défauts et les compensent ; cela peut suffire pour le commun des hommes, mais les princes ont bien d’autres obligations : ils doivent être sans cesse sur leurs gardes ; mille circonstances et mille occasions les avertissent de veiller sur eux-mêmes. Il est rare qu’ils puissent s’égarer lorsqu’ils ont les vraies notions d’un bon gouvernement, qu’ils connaissent l’étendue de leurs devoirs, et qu’ils aiment leurs peuples ; ce sera leurs meilleure boussole dans les conseils, dans les camps, et pour remplir la tâche pénible qui leur est imposée. N’oublions pas néanmoins qu’ils sont des hommes, et qu’il faut compatir à leurs faiblesses. Si leur élévation leur donne beaucoup d’avantages, elle les place aussi dans un plus grand jour d’où n’échappe aucune de leurs imperfections ? Rappelez-vous ce mot remarquable d’Henri IV ; il demandait à un ambassadeur d’Espagne si son souverain avait des maîtresses ; le courtisan répondit avec cette bassesse ordinaire à ses pareils : que le roi son maître avait toujours eu les mœurs les plus rigides ; ventre-saint-gris, répliqua