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toire de la Musique. En 1903, lors de la réforme de l’École Normale, lorsque celle-ci transporta en Sorbonne ses élèves et ses professeurs, son cours d’Histoire de l’Art se spécialisa et devint cours d’Histoire de la Musique.[1] C’était le juste couronnement de ses efforts : la musique s’échappait de l’exil et du dédain où on l’avait emprisonnée et obtenait droit de cité, droit de vie et la reconnaissance officielle de ses lettres de noblesse.

Mais deux événements y avaient, par à côté, puissamment contribué ! La fondation, en janvier 1901, de la Revue Musicale,[2] par Pierre Aubry, Jules Combarieu, Maurice Emmanuel, Louis Laloy et R. Rolland, et l’inauguration à l’École des Hautes Études Sociales, le 2 mai 1902, d’une École de Musique, dont la direction était confiée à R. Rolland. Son discours d’ouverture,[3] « De la place de la Musique dans l’Histoire générale », lui tint lieu de manifeste et de plaidoirie : il montrait l’importance de l’histoire de la musique dans l’ensemble de l’évolution de l’esprit humain et revendiquait pour elle la place qui lui était jusqu’alors refusée, en France, dans l’histoire générale ; il disait combien « elle se plie aux caractères de tous les peuples et de tous les temps... Elle s’adapte à toutes les conditions de la société... art de cour galante et poétique sous François Ier et Charles IX ; art de foi et de combat sous la Réforme ; art d’apparat et d’orgueil princier sous Louis XIV ; elle devient, aux approches de la Révolution, l’expression lyrique de

  1. La première leçon eut lieu le jeudi matin 17 novembre 1904, à l’Amphithéâtre Turgot. Cf. l’annonce qui est faite par Charles Péguy à la fin du 5e Cahier de la VIe Série, pp. 214-215 (Cahiers de la Quinzaine) et pour la liste des cours de R. R. en Sorbonne, voir Bibliographie n° 90.
  2. Appelée d’abord Revue d’Histoire et de Critique musicale, à partir de 1902, devenue bi-mensuelle sous le titre plus court de Revue musicale.
  3. Cf. Bibliographie n° 51, republié dans Musiciens d’autrefois.