Page:Bonnet - Essai de psychologie - Principes philosophiques sur la cause première, 1755.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

corps dont l’ame ne s’apperçoit pas clairement. Enfin, dans les cas qu’on nomme d’indifférence l’ame est dans une espece d’équilibre que la moindre force ou la moindre raison est capable de rompre : & cette raison est ordinairement si petite que l’ame n’en est pas affectée d’une maniere bien sensible. Je dis d’une maniere bien sensible, parce que je crois que l’ame apperçoit toujours cette raison, mais plus ou moins distinctement, à proportion de l’attention que l’ame apporte à la considérer. Quelques degrés de plus d’attention dans l’instant où l’ame s’est déterminée auroient transformé ces raisons sourdes en raisons distinctes : c’est ce que tout homme qui pense peut éprouver chaque jour.

De là découle une maxime importante : puisque des raisons sourdes sont capables de nous déterminer, et qu’elles peuvent devenir d’autant plus efficaces que nous nous en défions moins, il est d’un homme sage de ne souffrir chez lui que le moins de ces raisons qu’il est pos-